Der Fall Collini : « Une excellente surprise » – Cinema Galeries

Der Fall Collini : « Une excellente surprise »

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    Voilà un film que nous n’avions pas vu venir et qui constitue une excellente surprise !

    Ecran et toile


    En ces temps troublés par la pandémie et la frilosité des maisons de production obnubilées par les recettes possibles, les belles sorties se font rares. Aussi, « L’affaire Collini » nous apparaît comme étant un choix judicieux pour qui se passionne par les affaires judiciaires de qualité… mais pas que, car le film va plus loin ! Il permet d’aborder des thèmes aussi variés que les fautes d’un système judiciaire qui peine à se reconstruire et qui ne se range pas toujours du côté des victimes ; et la réhabilitation d’une Mémoire qu’on ne peut oublier.

    Le droit de se venger ?

    Il nous est très difficile de vous parler de ce film sans gâcher la surprise. Et c’est d’autant plus dommageable que même la bande annonce et l’affiche française du film en montrent trop, puisque l’enjeu majeur du film repose sur cette incompréhension : Pourquoi Fabrizio Collini – après s’être fait passer pour un journaliste-, a-t-il assassiné Hans Meyer, un industriel de la haute société allemande de quatre balles dans la tête et d’une agression violente post-mortem ? Proche d’un excellent épisode de Columbo dont on sait pertinemment qui est le meurtrier, le véritable enjeu ici est de découvrir le mobile de celui qui s’est lui-même dénoncé !

    Adaptation sur grand écran du roman de Ferdinand von Schirach, « L’affaire Collini » offre à son réalisateur Marco Kreuzpaintne la possibilité de croiser habilement la grande Histoire, la fiction et une disposition juridique allemande abominable qui porte le nom de loi Dreher (1968) et dont nous tairons la portée afin de préserver les enjeux. Car oui, à moins de s’intéresser au livre déjà paru, le début du film se montre assez mystérieux.

    Puisque tout individu est juridiquement innocent avant le jugement de son procès, c’est l’avocat commis d’office Caspar Leinen (très convaincant Elyas M’Barek) exerçant au barreau depuis à peine trois mois qui sera chargé de faire la lumière sur cette affaire. Sauf que l’avocat connaissait la victime et c’est probablement un des seuls reproches du film (certainement inhérent au roman) tant on se dit que les « coïncidences » font bien les choses. Malgré le caractère extrêmement violent de l’affaire et la proximité du jeune avocat avec la victime, ce dernier ne tarde pourtant pas avant d’enfiler sa robe pour défendre celui qui ne veut pas être défendu. Bien sûr, le réalisateur de ce film de deux heures balade tout de même un peu inutilement le spectateur puisqu’il se penchera longuement (trop ?) sur l’enfance et l’adolescence de l’avocat au contact direct de la victime afin de bien nous faire comprendre l’ascenseur émotionnel que son héros emprunte. Vous le comprenez aisément, un des nombreux enjeux concerne le va-et-vient entre l’Histoire et la fiction à travers le prisme de la vie personnelle de Leinen.

    Quand le passé laisse une cicatrice dans le présent

    Ce film, très réussi sur le plan de la réalisation, doit beaucoup à sa très belle photographie et à la caméra qui sait magnifier ses personnages et capter les décors et l’environnement parfois oppressant lié à la Mémoire.

    Aux côtés de l’excellent premier rôle, nous retrouvons la talentueuse Alexandra Maria Lara dans le rôle de la petite fille de Hans Meyer, mais aussi Franco Nero dans le rôle périlleux de Fabrizio Collini. Tous ces acteurs, et les autres qui appartiennent à la distribution, permettent au film de gagner en épaisseur.

    Il nous est difficile d’en dire plus. D’ailleurs, nous vous recommandons de ne pas trop investiguer sur le sujet car vous compromettriez l’effet de surprise ! « L’affaire Collini » est un film visuellement beau de par ses voyages intérieurs et extérieurs. De plus, il doit beaucoup aux talents conjugués de ses acteurs qui délivrent aux spectateurs une belle émotion. Et comme si cela ne suffisait pas, il a en lui les germes d’un formidable plaidoyer contre l’oubli… nouvelle preuve que le cinéma allemand n’est jamais aussi bon que lorsqu’il nous parle de son Histoire et réalise un devoir de mémoire.