El Clan, lien de sang – Cinema Galeries

El Clan, lien de sang

    – Par Elise Voillot – Le Suricate Magazine – 24.03.2016 –

    El Clan

    de Pablo Trapero

    Thriller, Drame

    Avec Guillermo Francella, Peter Lanzani, Lili Popovich

    Sorti le 23 mars 2016

    Argentine, années 80, la famille Puccio vit dans un quartier tranquille de Buenos Aires. Dans ce foyer en apparence comme les autres, se cache pourtant un lourd secret…Véritable gang de kidnappeurs puis de meurtriers, le clan se serre les coudes, envers et contre tout… Le linge sale se lave toujours en famille.

    Dans la patrie Puccio, je demande le père, employé des services secrets et le fils, Alexandro, rugbyman dans l’équipe nationale mais surtout pion de l’échiquier patriarcal. Si le film de Trapero, basé sur un fait divers sordide, s’intéresse avant tout à la manipulation filiale, il exprime aussi avec justesse l’importance des liens du sang et les rapports amour-haine qui en découlent. Plus qu’un thriller, il s’agit donc d’un drame savamment dirigé. Si le père, brillamment interprété par Guillermo Francella, est le grand méchant du film, manipulateur et froid, il n’est jamais dénué d’une certaine sensibilité tout comme son fils aussi faible qu’effrayant. Malgré la violence des actes, on se sent comme chez soi chez les Puccio où l’on mettrait volontiers les pieds sous la table.

    L’autre grande force du film est la richesse de l’exposé offert par le réalisateur. Pablo Trapero, adolescent à l’époque des faits, se passionne pour cette histoire rocambolesque dès ses jeunes années. Grâce à un travail de documentation particulièrement fourni, il présente une reconstitution fidèle des faits, dénuée de sentimentalisme mais qui parvient toutefois à nous embarquer.

    Avec ses musiques sixties pop insouciantes entrecoupées des hurlements sourds de leurs victimes, El Clan assume parfaitement son décalage absurde et aborde en filigrane l’aveuglément volontaire d’un gouvernement corrompu. Comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes, le semblant de normalité fièrement prôné par les principaux protagonistes dérange plus que l’histoire elle-même. El Clan offre alors au spectateur un glaçant portrait, celui d’une Argentine désenchantée et qui peine à se reconstruire.

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