Les Bonnes Manières surprend tant grâce à son pedigree inattendu que son contenu protéiforme. – Cinema Galeries

Les Bonnes Manières surprend tant grâce à son pedigree inattendu que son contenu protéiforme.

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    Ecran Large | 20

    Lune Brésilienne

    Clara est une infirmière libérale, qui tente de survivre à São Paulo. Lorsqu’elle entre au service d’Ana, jeune bourgeoise sur le point d’accoucher, elle est loin d’imaginer les responsabilités qui vont être les siennes, auprès de cette jeune femme mystérieuse, manifestement sous l’emprise d’un phénomène… carnassier.

    Les premières minutes de ces Bonnes manières sont pour le moins déroutantes. Dans le cadre léché, d’un luxueux appartement, deux femmes de milieux sociaux, culturels et ethniques opposés se toisent, dans ce qui ressemble fort à une radiographie sociale du Brésil contemporain. Mais les cinéastes Juliana Rojas et Marco Dutra ne tardent pas avec leur sujet à métamorphoser leur film en une véritable boîte de pétri.

    Si la question du droit à la différence et de l’écrasement de l’individu par le groupe demeurera au cœur du dispositif narratif, on est rapidement ébahi par la richesse du programme qui nous est proposé, capable de jongler entre la romance lesbienne, le film d’horreur classique, la comédie musicale et quête initiatique.

    Mission Epilation

    D’une variété parfois ébouriffante, le métrage demeure d’une exceptionnelle clarté, grâce à l’intelligence supérieure de son découpage et de son rythme. L’ensemble y perd parfois en fluidité et on aura du mal à ne pas constater un gros ventre mou au centre du film, mais néanmoins, Les Bonnes manières fait le choix de ne jamais hystériser son récit, quand bien même, le tempo en abat quantité de facettes.

    Que le scénario effectue un bond dans le temps tout à fait imprévisible, ou choisisse de s’arrêter sur une créature monstrueuse, pour en faire, à l’aide d’un seul plan, le pivot humain et tragique de son histoire, voilà le type d’audace qui n’a de cesse de renouveler les enjeux et l’atmosphère de cette œuvre à part. Le film n’a ainsi de cesse de nous fasciner et/ou malmener, avec un appétit qui force le respect. Enfin, au-delà de ses innombrables pirouettes stylistiques, le récit sait quand se focaliser sur la bête au cœur de sa mythologie. Le loup-garou n’aura pas été particulièrement bien servi par le cinéma contemporain, entre relectures paresseuses et incarnation techniquement dépassées, mais Les Bonnes manières alterne entre maquillages, effets numériques impressionnants et séquences horrifiques graphiques comme il faut, dopée par une succulente photographie.

    Figure tragique par excellence, le lycanthrope qui croît et se déploie dans le métrage est un des plus beaux, redoutables et subtilement joué vu sur grand écran et c’est là l’ultime réussite de Juliana Rojas et Marco Dutra : ne jamais oublier, derrière le paravent d’idées et de twists, d’offrir à cette formidable bête un écrin sauvage.

    Sortie : 11.07